Xavier raconte la dernière étape de sa course.

                Vous l'attendiez, en exclusivité le compte-rendu de Xavier !


Depuis le départ de Mindello (Cap Vert) j’avais pas mal de retard du aux réparations. Je suis parti le dernier avec le secret espoir de me refaire un peu sur la flotte des bateaux et d’en rattraper quelques uns. J’y croyais réellement jusqu’au Pot-au-Noir que j’ai atteint en moins de 4 jours avec une belle moyenne de 8 noeuds.
Et puis ce fût 6 longs jours interminables, avec le Pot-au-Noir, aussi appelé zone de convergence intertropicale (la ZCIT pour les météorologues), là où se rencontrent les alizés du nord et du sud, laissant entre les deux une zone sans vent avec de gros nuages d’orage déversant des torrents de pluie et un peu de vent quand même......Je pensais pouvoir traverser cette zone en 2 ou 3 jours.... J’y suis resté 6 jours a maudire le ciel, la mer, et en implorant Neptune de me sortir de là. Cet être fourbe me donnait de faux espoirs de temps en temps, je croyais avoir obtenu l’alizé de sud mais quelques heures plus tard les gros nuages revenaient et c’était le calme absolu. Le pompon c’est lorsque j’ai aperçu un avion de l’armée de l’air qui venait à ma rencontre et m’a survolé pour voir si tout allait bien. J’ai commencé a comprendre que mon avance quasi nulle inquiétait l’organisation (une fois j ai fais 1 mille en 12 heures) et qu’ils avaient décidé d’envoyer un avion.

Finalement, on sort toujours des mauvais rêves, et au bout de 6 jours le vent est rentré, enfin. Quel bonheur de pouvoir faire de la route, même à 4 noeuds.....je savais que j’étais le dernier et qu’il n y avait aucun moyen de rattraper les autres skippers, mon objectif était donc de finir le plus rapidement possible mais sans casse (surtout ne pas démâter comme Yves le Blevec....).
La descente vers Bahia fut un vrai bonheur en comparaison du Pot-au-Noir avec un grand Moment le passage de l’équateur dans l’hémisphère Sud, où a minuit j’ai débouché le champagne et bu quelques gorgées qui m’ont immédiatement fait dormir.... (bon d’accord je me suis un peu lâché).
Ensuite la descente s’est faite vent de travers ou au près, et ça mouillait pas mal sur le pont ce qui m’a même obligé a remettre mon ciré complet, sauf les bottes, je ne vous parle même pas des irritations de peau a cause du sel et de l’humidité dans le bateau.

Enfin ce fut l’arrivée à Bahia, où le matin après une nuit à barrer sous spi, j’ai ouverts les yeux et j ai vu la terre, pour la première fois depuis 19 jours. Depuis mon départ du Cap Vert, le fait de fermer la marche j’étais condamné a ne plus recevoir de communications avec les autres concurrents ni avec les bateaux accompagnateurs, j ai donc réellement couru en solitaire. Mais je n’en ai pas souffert, j’avais encore 15 litres d’eau a l’arrivée et suffisamment de nourriture pour tenir encore.
L’arrivée fut magique, un concurrent David Lancry était sur l’eau et m’a accompagné dans la baie, ensuite un bateau organisateur est venu vers moi, il y avait mes parents à bord, ce fut un grand moment de couper la ligne. J’étais content d’arriver mais en même temps j’ai pris conscience que c’était la fin du projet et j’ai profité a fond de ma dernière nuit sous spi avec un vent de 12 noeuds à barrer sous les étoiles du sud.

La traversée est terminée, je ne la voyais pas comme ça et surtout j’attendais un autre résultat, mais est ce bien important ?

J’ai pu aller au bout alors que d’autres ont du renoncer ou s’arrêter, quelle frustration pour ces concurrents. Il y a eu des moments de plaisir et d’autres un peu plus galère (j’ai eu mon lot…). Je n'ai pas eu l’impression de danger a aucun moment, ni d'ennui. Je vivais au rythme de la mer et du soleil, c’est un autre rapport au temps et à l’espace. Cela ne conviendrait pas à tout le monde, d’ailleurs certains d’entre nous en avaient plus qu’assez. Moi ça allait plutôt bien hormis l’inconfort de ma coque de noix. Maintenant il faut transporter le bateau par cargo vers la France, et le temps de tout nettoyer, sécher préparer, je n’ai pas eu la possibilité de sortir de Bahia (même pas le temps d’aller à la plage). De plus je suis assez fatigué et à certaines heures je suis complètement sur les genoux. Je vais rentrer en France avec des souvenirs plein le tête que je vais savourer lentement avant de reprendre ma vie terrestre, de retrouver mon bureau , mes collègues .......mais aussi tous mes amis et toute ma famille que j’embrasse au passage.

J’aurai beaucoup de remerciements à faire car beaucoup de personnes ont apporté leur aide, et leur concours.
- Tout d’abord mes parents qui m’ont soutenu et supporté pendant 4 années.
- Patrice Deryckx PDG de l’entreprise SMETS, avec qui tout a commencé et qui m’a toujours soutenu.
- Le YCMN et Vincent Caulier qui ont toujours été la.
- Mon amie Laure, qui m’a aidé aux Canaries et sans qui j’aurai vraiment galéré.
- Tous mes amis qui sont à mes côtés depuis le début de l’aventure et qui étaient là au départ de La Rochelle.
- Ma soeur Anne et son ami Salam qui vous ont fait vivre, à travers les E Mails et dernièrement le Blog, cette traversée.
- Et enfin vous tous pour votre soutien moral.


Je vous dis à tous à très bientôt en France. Merci à tous pour vos encouragements et pour m’avoir soutenu. Merci beaucoup.

Xavier BLUY ex-SKIPPER du bateau n° 78

Futur terrien.